Livre de bord, page 24

Il n'y a rien de plus agréable et réconfortant que de voir enfin la somme de travail accompli

Je vous assure que le soir venu nous tombons de sommeil et une fois revenus de la douche il n'est pas rare que l'on s'étale dans notre lit et que l'on ai même plus le courage de visionner un film ou une série

A peine la tête sur l'oreiller que nous partons dans les bras de morphée

Nous devions faire démâter le 20 octobre dernier et malheureusement ça a été impossible, nous avons eu droit à la tempête Aurore avec des vents dépassant les 53 noeuds (environ 100 klm h), le bateau vibrait beaucoup, nous n'étions pas tranquille et nous avons passé une très mauvaise nuit à écouter le vent faire claquer les drisses et nous demandant si nous n'allions pas nous retrouver la quille par dessus la tête

Le lendemain le vent est encore bien présent, le spécialiste du gréement est passé et nous a rassuré, les haubans étaient trop tendus ce qui avait pour conséquence de cintrer le mât, il n'y a rien de méchant et ça c'est encore plus rassurant, il y aura juste quelques ridoirs à changer, nous attendons son prochain passage pour qu'il nous confirme quels travaux seront à entreprendre avant le remâtage au printemps

Regardez moi ce soleil... des petits matins frais sont vite récompensés par des images à couper le souffle, on ne s'en lasse pas

Rendez-vous était pris avec les gars de la capitainerie pour le vendredi suivant au milieu de la matinée, il fallait absolument que le mât soit détaché du bateau pour que nous puissions avancer notre prochain gros chantier

Vendredi arrive et les heures passent, on ne voit personne, j'ai décidé que cette fois c'est moi qui monterait au mât pour positionner la grosse sangle après les premières barres de flèche

11h30 on part à la recherche du grutier, il nous dit que se sera pour 14 heures, on a du être oublié quelque part

15h00, Sébastien arrive avec le manitou, il m'attache et me donne les directives que je suis avec beaucoup d'attentions et hop, je grimpe, c'est physique, je sens une petite boule là au creux de mon estomac, j'ai le vertige mais il passe vite, mon papa charpentier couvreur m'a toujours dit qu'il ne faut jamais regarder en bas et c'est vrai qu'une fois l'appréhension passée ça va tout seul

Waou, être là haut ça fait quelque chose... je prends quelques secondes à peine pour faire une photo et regarder le panorama, c'est magique et effrayant à la fois

Avec les conseils avisés du gars des gréements et l'aide bienvenue de Sébastien, nous avons pu régler l'affaire en une bonne quarantaine de minutes, voir la grue porter le mât ça fait quelque chose

L'air de rien ça nous a pris notre après-midi cette affaire, maintenant il faut aller démonter tout ce qui peut l'être...  l'électronique, le radar, l'antenne, la girouette et l'anémomètre, le winch de mât, les lampes, en gros tout ce qui peut être abimé ou volé car sur les chantiers les vols sont légion, les gens se servent comme si ça leur appartenait

Le lendemain j'ai mal partout et mes cuisses sont marbrées de bleus, la gymnastique d'hier m'a laissé quelque peu courbatue aussi je vais rester tranquille et me concentrer sur le nettoyage du winch de mât, un autre spécimen en aussi mauvais état que les précédents, l'avantage c'est qu'il est plus petit et qu'il y a moins de pièces à nettoyer

Ceux qui disent que nettoyer un winch ça prend une trentaine de minutes sont des menteurs invétérés !!

Mon co-équipier s'empresse de démonter tout ce qui pourrait nous gêner dans la progression des travaux aussi s'occupe t'il de l'étrier qui tient l'ancre, il est en mauvais état et une partie a été cassée, son piètre état nous fait penser que les propriétaires précédents ont du avoir une sacré avarie ou subir un gros gros coups de vent pour qu'une pièce de cette importance subisse un tel dommage

Comme d'habitude le silicone a été copieusement utilisé pour tenter de faire un jointage, c'est du travail de gougnafier

 

La pluie est annoncée, il faut vite terminer la charpente de notre abri

Charpente et un bout de notre mât

 

Puis l'arrière est fermé lui aussi 

Pendant les travaux

La pluie est juste passée sous forme de crachin mais le ciel reste menaçant, on en profite pour monter la bôme et le tangon du génois ainsi que les rails de grand voile, ça nous libèrera de la place 

Maintenant on est à l'abri, on espère juste que ça tiendra face aux uv et surtout aux tempêtes qui ne manqueront pas de venir, au pire nous remplacerons le tout par de la bâche armée avant de tout démonter dès les beaux jours revenus (sans doute février ou mars)

Un autre lever de soleil sur la Vilaine

Je suis retournée au démontage du dernier winch motorisé... un travail de patience et de précision

Là encore il est dans un piètre état

Mon co-équipier se fait plaisir en passant chaque pièce à la brosse métallique, les roulements en laiton ont retrouvé leur belle couleur d'origine 

Moi je m'occupe de graisser et huiler chaque pièce avant un remontage minutieux

Maintenant que nous sommes "couverts" les températures dépassent allègrement les 30° sous cette serre de fortune et la petite porte que nous avons tenue grande ouverte laisse à peine rentrer de l'air, il fait même plus frais à l'intérieur du bateau que sous ce dôme de plastique, l'avantage c'est que même au coeur de l'hiver le moindre rayon de soleil apportera de la chaleur tandis que nous serons à l'abri pour travailler