jeudi 8 septembre 2022

Journal de bord, page 62

Si un jour on nous avait dit que nous pourrions enfin réaliser notre rêve jamais nous ne l'aurions cru, depuis des années tout était du domaine de l'imaginaire pourtant l'aboutissement n'était sans doute pas celui que nous avions pu imaginer, les évènement sont parfois imprévisibles et rien n'est permanent

Je me souviens qu'en juin l'année dernière nous sommes arrivés à Arzal sous un franc et généreux soleil, il y a un peu plus d'un an nous avons fait l'acquisition de notre voilier dans un piteux état et il n'y a qu'à regarder l'avant et l'après pour s'en rendre compte

Pour nous c'était le début de l'aventure, la grande aventure

Nous allions la vivre telle que nous l'avions esquissée, nous partirions en mer et nous ferions la découverte d'autres pays bien différents, nous resterions à un endroit plus qu'à un autre pour nous perdre quelques temps ailleurs, le temps pour nous de nous retrouver, de nous reconstruire


Malheureusement, si acheter un bateau a été assez simple le reste s'est avéré plus compliqué et très rapidement les travaux entrepris ont englouti tout notre investissement commun mettant notre projet de tour du monde à l'arrêt mais un arrêt momentané, ça nous a mis un gros coups au moral mais il fallait aller de l'avant

En parallèle nous avons eu l'opportunité qu'il ne fallait surtout pas manquer, cette dernière était tellement inespérée qu'elle en était presque surréaliste, incroyable, impensable mais comme dit le proverbe, toujours se méfier lorsque la mariée parait trop belle

Dans le port d'Arzal


Le poste que mon compagnon devait occuper nous ferait prendre l'avion destination la Polynésie française, nous avions entamé nos recherches pour avoir de quoi nous loger, nous avions même prévu d'acheter un véhicule, nous évoquions notre vie la bas avec à la clé de belles aventures, des fruits et des légumes gorgés de soleil, les fleurs de tiaré, et le sublime parfum du monoï, les camaieux de bleus du lagon et surtout la nature luxuriante à découvrir, nous étions heureux mais il restait ce petit mais, à 18000 kilomètres de la France nous serions loin de tout et loin des nôtres en cas de pépin, nos enfants respectifs n'étaient pas serein de nous voir partir ainsi loin d'eux


Nous avions même prévu de mettre notre compagnon de voyage au sec sur le chantier le temps de voir comment se passait la vie là bas, nos voisins copains se faisaient un plaisir de veiller sur notre voilier mais avec le coeur gros de nous voir partir

La mythique Tahiti


Le poste était celui d'un chargé d'affaires avec le développement de tout un secteur d'activité et le responsable avait demandé à mon compagnon s'il connaissait des gens qu'il pourrait débaucher mais malheureusement au fil des entretiens nous avons vu le poste être redéfini à de multiples reprises ce qui nous a mis la puce à l'oreille, pourtant nous voulions y croire, de chargé d'affaires il passait à celui d'un responsable d'exploitation puis de directeur de production, le salaire avait été renégocié mais néanmoins en corrélation avec le marché français, il faut savoir qu'en Polynésie française le coût de la vie est 30% plus cher qu'en métropole, nous avions établi un budget avec juste ce qu'il faut de gras pour ne pas se retrouver dans la difficulté, serré mais qui nous permettrait de vivre sans forcément s'enrichir plus que ça le temps que moi je puisse trouver un travail et c'est seulement à cette condition que nous pourrions envisager de vivre mieux, notre but étant de travailler sur place pendant un laps de temps et d'avoir des touches pour envisager d'autres choses sur place

Une fois là bas nous verrions pour acheter un petit bateau, le faire papétiser et pendant ce temps faire nos premiers pas en navigation et de prendre le temps de nous perfectionner avant de revenir en métropole chercher Niué, entreprendre la célèbre transat avant de retraverser le pacifique pour nous installer définitivement en Polynésie française

La baie des vierges aux Marquises


Nous nous faisions une telle joie de partir et nous avions déjà commencé à ranger le bateau, mais il était écrit quelque part que nous ne quitterions pas notre compagnon aussi facilement 

En effet, nous avons attendu presque dix jours la promesse d'embauche et nous allions pouvoir réserver nos billets d'avion mais lors d'une discussion plus approfondie le comportement du responsable nous a alerté car à l'évocation de la hausse de salaire il a demandé à mon compagnon d'établir un plan d'action destiné à vérifier si la hausse de salaire et la pérennité du poste étaient envisageables, il faut dire qu'entre leur proposition et celle de mon compagnon il y avait une différence de 300 euros par mois ce qui n'est pas la fin du monde pour une boite qui veut faire 2 millions de chiffre d'affaire sur une année et qui offre soit disant à ses employés une prime annuelle aux alentours de 10000 euros, bref, le plan d'action revisitait tous les aspects de l'entreprise et même s'il restait factuel car les enjeux économiques du pays nous étaient inconnus tout comme les méthodologies de travail, il était concret et solide

Avec le décalage horaire nous n'avons eu connaissance de leur décision que le lendemain, l'embauche était annulée, pour nous c'était la douche froide 

Archipel des Tuamotu


Contre toute attente en consultant les offres d'emplois le surlendemain mon ami est retombé sur la même offre et l'a immédiatement signalée au site hébergeur  en précisant que ça n'était absolument pas ce qui faisait le corps du poste

Et là bingo, l'annonce disparait des écrans radar

Le surlendemain nous découvrons une annonce pour ce même employeur mais cette fois définie comme responsable d'exploitation avec un salaire équivalent à celui que nous avions demandé, d'un côté il ne pouvait pas offrir un salaire décent mais de l'autre il n'hésitait pas à surenchérir en modifiant la définition du poste et donc le salaire en utilisant tout ce qui avait été détaillé dans le plan d'action réalisé par mon conjoint, on est tombé sur le c..l

Apparemment il ne trouvait personne sur place pour occuper le poste, on comprend mieux pourquoi !!!

Mon compagnon a immédiatement postulé et n'a pas hésité à faire un mail au responsable pour lui expliquer son point de vue sur sa façon d'agir, il n'a pas reçu de réponse

Atoll des gambiers


Rassurez-vous, même si la mésaventure nous a beaucoup déçus nous ne lâchons pas l'idée de partir travailler ailleurs qu'en France, de toute façon nous devons prendre des décisions rapides car nous ne pouvons pas rester dans ce climat d'incertitude et puis le contrat qui nous lie à la capitainerie s'arrête fin octobre, à l'origine nous devions partir dans les semaines qui viennent pour entamer notre tour du monde, nous verrons comment vont se dérouler les évènements, nous gardons confiance dans l'avenir car il le faut et puis nous restons près de notre compagnon de voyage et ça c'est bon pour le moral