vendredi 24 mars 2023

Journal de bord, page 76

Le bagne des annamites,  coordonnées GPS 4°49'52.6"N 52°30'44.6"W
Le temps est partiellement nuageux dans l'ensemble, quelques ondées légères en cours de route

Nous avions prévu de partir déjeuner dans une petite gargotte appelée chez Oumar du côté de petit saut bien après Sinnamary indiquée comme étant une sorte de centre de vacances et nous nous sommes dit "chouette, un lieu sympa en pleine nature où passer un bon moment" mais en fait il s'agissait d'un lieu d'hébergement qui proposait de passer des nuits dans un hamac avant de partir pour la découverte de la brousse, nous sommes repartis l'estomac dans les talons et la faim dans notre sac à dos, on s'est dit que la prochaine fois on serait un peu plus clairvoyant et que l'on emmènerait nos casses croutes

Sur le chemin du retour nous avons bifurqué vers le bagne des annamites, un lieu chargé d'histoire qui ne peut pas laisser indifférent car on se demande véritablement comment des personnes ont pu survivre dans un lieu si retiré et loin de tout avec des conditions de vie aussi sommaires 

Les prisonniers étaient principalement originales de l'Annam devenu depuis le Vietnam, ce camps concentrationnaire a été ouvert en 1931 et fermé en 1945, une partie des prisonniers  a été gracié et est repartie dans leur pays d'origine et pour ceux qui ont pris la décision de rester, ils se sont installés un peu partout en Guyane



La randonnée commence sur un chemin relativement plat et on remarque vite que la végétation alentour a été remaniée, l'exubérance est présente mais différente de la jungle que nous avons pu découvrir précédemment 






Il n'aura fallu que 15 années pour défricher de nombreux hectares et rendre cette jungle vivable si tant est que l'on puisse l'indiquer ainsi mais un peu moins de 100 ans auront suffit à la végétation pour reprendre ses droits et recouvrir toutes les infrastructures, le reste quant à lui à disparu avec le temps



Etrangement, ce qui a le mieux résisté au temps ce sont les toilettes, il faut imaginer le contexte de ces latrines au coeur de la nature, auparavant un bâtiment couvert les abritais et ce qui surprend c'est qu'elles sont toutes perchées sur leur promontoire tandis qu'à l'arrière les prisonniers y mettaient un seau qu'il fallait ensuite aller vider, avec la chaleur et l'humidité ça ne devait pas être très agréable

 


Ici il y avait la baignoire du responsable de ce camps concentrationnaire, le 1er des trois qui ont été construits en Guyane




Un peu plus loin ce qu'il reste de la cuisine des tirailleurs




Un peu plus de 400 prisonniers étaient occupés à remanier le terrain, planter, défricher, construire, la vie était rude à l'époque, aujourd'hui dans nos prisons il y a tout le confort moderne et la vie est plutôt cool, le téléphone, l'ordinateur, la télévision, les consoles de jeu et la salle de sport même les plus grands criminels notamment ceux qui ont perpétré les attentats y ont droit et ont leur offre même des extras !!!!




On remarque les anciennes traverses et les rails de chemin de fer



On apprend comment était gérée l'eau 



En haut de ce chemin entouré de hauts palmiers...


les ruines de la prison d'origine


Nous découvrons ce qui reste des cellules exiguës, l'atmosphère dramatiquement chargée d'histoire fait réfléchir sur ce que l'humanité était capable de faire pour contraindre et punir si l'on était contre le pouvoir politique







Partout la nature reprend le terrain qu'on lui avait enlevé... 


Je ne sais pas si nous aurons l'occasion d'y revenir car avec la saison des pluies le site va être partiellement inondé et nous ne sommes pas certains de pouvoir accéder à la rivière toute proche, la dernière fois le chemin était impraticable et nous n'avions pas les chaussures nécessaires pour pouvoir aller jusqu'à la rive où apparemment il est possible de se baigner


 





Tout au long du chemin nous aurons eu la chance de tomber sur deux papillons morpho d'un bleu spectaculaire mais bien trop rapides et vifs pour que nous ayons le temps de les photographier


Nous savons que nous avons beaucoup de chance d'avoir pu visiter un tel lieux qui disparaitra petit à petit dans le temps emporté par les racines des arbres et la végétation qui envahit le site à moins que ce ne soit par la disparition à venir de la forêt amazonienne surexploitée et détruite à petit feu 


Si ça vous dit, de nouvelles vidéos sont disponibles sur notre chaine Youtube 

4 commentaires:

  1. Magnifique reportage. J'imagine ces malheureux dans la peur, la souffrance, la maladie, l'isolement, l'humidité, la chaleur, l'inconfort, les bestioles en tous genres et non des moindres et par dessous tout le manque de liberté et un tunnel qui n'en finit pas...... la galère sous un écrin vert. Il convient de ne pas oublier les dérives humaines. Bonne continuation pour votre séjour et à bientôt pour d'autres découvertes. Siam.

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    1. Quant on voit les conditions de vie des "prisonniers" d'aujourd'hui qui ont des vies de rêves aux frais des contribuables, on se dit que l'époque était bien plus rude, aujourd'hui les prisonniers ne tiendraient pas 1 an dans cette jungle inhospitalière
      Dans les prisons les criminels sont presque mieux traités que les honnêtes gens et ça ça n'est pas acceptable, j'ai toujours été favorable à la peine de mort et à sa remise en fonction pour que les criminels les plus dangereux soient exterminés comme la vermine, ils ne sont en rien excusable pour ce qu'ils ont fait
      J'espère en tout cas t'avoir fait rêver quelque peu au travers de mes images
      Bises et à tout bientôt

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  2. C'est sur que les prisons d'aujourd'hui c'est le paradis si on compare!
    Oui clairement certains sont trop bien traités vu ce qu'ils ont fait... :(
    C'est impressionnant tous ces blocs de bétons au milieu de la jungle!
    Bonne journée

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    1. Lorsque nous avons fait cette visite nous nous attendions à découvrir des vestiges de cette époque, la plupart ne sont plus aujourd'hui que des traces qui disparaitront à tout jamais dans quelques années, le bagne a été fermé en 46, il a fallu moins de 80 ans à la nature pour reprendre ses droits, c'est étrange de ce dire que des êtres humains ont du vivre dans la jungle qui devait être bien plus dense, bien plus inhospitalière
      La balade était vraiment agréable en tout cas
      Belle fin de semaine

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