mardi 4 avril 2023

Livre de bord, page 77

Saint Laurent du Maroni,  coordonnées GPS 5°26'21.9"N 53°58'10.1"W
Le temps est couvert et pluvieux, il fait lourd

Nous avons pris la route en milieu de matinée pour rejoindre Saint Laurent du maroni qui se trouve à proximité de la frontière avec le Suriname où d'ailleurs dernièrement il y a de nombreuses échauffourées à cause de l'augmentation du coût de la vie et de la pauvreté qui sévit dans ce pays frontalier, la route est tranquille et l'on rencontre peu de véhicule, la nature est beaucoup moins exubérante dans cette partie de la Guyane


C'est la deuxième plus grande ville après Cayenne à cause d'une forte croissance de sa démographie et il est dit ici qu'elle pourrait bien dépasser Cayenne d'ici quelques années, pour autant, elle n'en a ni le charme ni le calme et bien malheureusement ressemble plus à une ville dortoir où les bâtiments principaux tombent en ruine, quelques jolies demeures colorées arrivent à sauver quelque peu l'image que l'on reçoit au premier abord, ce qui surprend c'est que tous les bâtiments du moindre appartement au petit magasin, tous sans exception sont barricadés comme des forteresses inviolables, je ne connais pas le climat social de ce bout de France expatrié en Guyane mais franchement, c'est à se demander si la violence est inhérente ici et partout aux alentours









Nous voulions aller découvrir la ville et son marché, c'est toujours intéressant de découvrir des étals remplis de couleurs et de fruits et de légumes magnifiques, les prix y sont quasi identiques à ceux pratiqués à Cayenne ou à Kourou, d'ailleurs c'est dans cette dernière que de nombreux surinamais viennent vendre leurs fruits et légumes cultivés sur des parcelles qu'ils exploitent illégalement ici en Guyane, récemment un contrôle de police a permis d'établir 22 PV d'infractions sur 25 vendeurs, ça fait beaucoup pour un si petit marché




Nous en avons fait le tour un moment car nous cherchions un endroit où nous poser et nous avons mis un certain temps à trouver un petit resto sympa et agréable rempli de métropolitains, juste à côté les bâtiments de l'armée



Saint Laurent du Maroni est une ancienne colonie pénitentiaire appelée aussi camps de la transportation, c'est ici que l'on acheminait les bagnards dont souhaitait se débarrasser le gouvernement de l'époque, c'était une main d'oeuvre gratuite et corvéable à souhait qui a participé à la construction de nombreux bâtiments locaux, c'est ici qu'a été accueilli le plus célèbre prisonnier connu sous le nom de papillon, Henri Charrière magistralement interprété par un Steeve Mac Queen au sommet de sa gloire... une fois libérés, les condamnés restaient sur place pour la même durée que leur condamnation pensant pouvoir revenir au pays après leur libération définitive mais ça n'était pas le cas, certains ont survécu quelques temps dans le dénuement le plus total, d'autres ont réussi à s'en sortir malgré tout 



Un reportage de 1963 rapporte la vie du bagne avec des images d'époque (lien ici) 



Nous aurions aimé visiter l'intérieur des bâtiments mais ils étaient fermés, nous espérons pouvoir y revenir dans les semaines à venir

La surpopulation carcérale n'était pas un mythe et comme dans les camps concentrationnaires de l'époque, il fallait accueillir toujours plus de criminels





La cuisine du bagne


et son lavoir



Derrière ces hauts murs, la partie du bagne inaccessible aux visiteurs 



Non loin des bâtiments se trouve un quai en bordure du fleuve Maroni d'où partent de nombreuses excursions, une statue d'un bagnard comme un rappel à l'histoire 


La petite place était sous le soleil quelques minutes avant, nous avons vu la pluie arriver depuis le dôme de la forêt amazonienne toute proche et nous avons couru nous abriter avant qu'elle n'arrive, sous la gloriette un barbecue s'organise


Sur le fleuve Maroni on remarque quelques bateaux pour certains abandonnés, là bas au centre de la photo la carcasse d'un vieux bateau sert de lieu de vie pour la végétation qui en a pris possession, des barques à moteur font la traversée jusqu'à l'autre rive du fleuve plus sauvage, dans ce coin la population amérindienne est très présente 



Nous revenons sur nos pas par une autre rue



Les bâtiments administratifs attenant


En face des maisons cossues joliment entretenues sans doute occupées par de riches fonctionnaires français




Un peu plus loin près du parking




L'église, l'un des seuls bâtiments indiqués sur les guides touristiques mais fermé aux visiteurs


Il suffit parfois de quelques rues pour changer totalement d'environnement



La visite se termine ici et nous sommes pressés de rentrer, nous avons deux bonnes heures pour faire la route en sens inverse mais avant nous avons prévu un petit détour pour nous arrêter dans un lieu de sauvegarde des tortues, je vous en parle dans un post à venir

Sinon je vous conseille le superbe reportage proposé par Disney "la forêt amazonienne, notre terre", c'est un fort beau documentaire sur les peuplades indigènes qui occupent l'Amazonie et qui souffrent des ravages de la déforestation

4 commentaires:

  1. Net différence dans la richesse des bâtiments.
    Les nuages sont bien menaçants! Ca semble moins dense en population.
    Bonne journée

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    1. tout y était différent mais plus en adéquation avec les maisons coloniales de l'époque du bagne que l'on retrouve un peu partout même si une bonne partie est en mauvais état
      Il y avait beaucoup de voiture et de monde dans les rues, en comparaison Cayenne était plus agréable et plus calme
      Le temps est resté couvert toute la journée avec des pluies intermittentes mais rien qui ne nous empêche de découvrir les lieux, l'averse est arrivée puis repartie un quart d'heure plus tard ;-)
      Belle semaine et bon courage

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  2. Triste cette ville d'autant plus sous une météo bien maussade. Dans l'ensemble les bâtiments font encore illusion, les murs d'enceinte par contre offrent ruine et moisissures. La ville porte sa charge d'ancien bagne qui reste collé à l'ambiance générale. Effectivement ici la végétation est moins belle et les voitures datent elles aussi d'un autre temps. Je préférais Cayenne ! Enfin le principal est de découvrir ce pays que la France soutient peu pour ce que je vois sur les photos. Au fait, niveau "bestioles" qui vous piquent quelle en est ta constatation ? car je suppose qu'avec la végération et l'hygrométrie élevée les moustiques ne doivent pas manquer. A bientôt et bonne continuation. Siam

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    1. Généralement les bâtiments sont en mauvais état et c'est réellement une volonté de l'état français de laisser toutes ces communes livrées à elles mêmes, le pire c'est que les gens ne disent rien, ils vivent ainsi sans se bouger pour faire changer les choses et rien ne semble vouloir s'arranger dans ce coin de france oublié de sa république
      Pour les bestioles, à part quelques moustiques en fin de saison des pluies ça allait, sinon on s'est fait piquer mais on ne sait pas par quoi mais la piqure grattait longtemps et faisait mal
      @ bientôt de te lire à nouveau

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